Présentation de la Médecine Anthroposophique


Les débuts de la médecine anthroposophique


La médecine anthroposophique est née en Europe en 1920 de la collaboration d’un groupe de médecins, notamment le Dr Ita Wegman, avec Rudolf Steiner, philosophe et fondateur de l’anthroposophie. De nombreux médecins ont ensuite développé les concepts et les applications thérapeutiques de la médecine anthroposophique. Plusieurs instituts et structures hospitalières furent créés dès 1921, notamment en Suisse et en Allemagne.

La médecine anthroposophique a connu un développement important et continu qui a abouti à une reconnaissance officielle comme « orientation thérapeutique particulière », à l’instar de la phytothérapie et de l’homéopathie, dans la loi allemande de 1976 sur le médicament. Depuis 1999, la MA est une méthode médicale complémentaire reconnue officiellement en Suisse par la Chambre Médicale (FHM).


La médecine anthroposophique en Europe et dans le monde


La médecine anthroposophique est pratiquée dans plus de 60 pays et notamment dans 25 structures hospitalières, 2 hôpitaux universitaires et 120 centres de soins répartis en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Brésil et en Suisse. Elle est également pratiquée dans des établissements spécialisés dans la prise en charge et le suivi du handicap psychomoteur de l’enfant dans 19 états membres de l’Union Européenne, en Norvège et en Suisse.


En Europe, sur la base du nombre de prescriptions, il a été estimé que les médicaments anthroposophiques sont prescrits par plus de 30.000 médecins dans 21 des 27 états membres de l’UE, ainsi qu’en Norvège et en Suisse.


En Allemagne, on dénombre 12 hôpitaux ou services hospitaliers anthroposophiques. Dans ces établissements, les médecins intègrent la médecine anthroposophique dans leur pratique, y compris dans la prise en charge des urgences et des soins intensifs en conformité avec le plan de santé du gouvernement fédéral allemand. Ils sont certifiés selon le référentiel « coopération pour la transparence et la qualité des soins de santé » (KTQ).


En Suisse la médecine anthroposophique fait partie des cinq médecines complémentaires que le Département Fédéral de la Santé a décidé d’inclure dans le remboursement par l’assurance maladie. La médecine anthroposophique est exercée dans trois cliniques anthroposophiques et par environ 250 médecins libéraux.


La médecine anthroposophique en France


La médecine anthroposophique est apparue en France autour des années 1930. La première association médicale anthroposophique a été créée en 1974. Aujourd’hui, environ 350 médecins sont inscrits dans les associations médicales anthroposophiques françaises.

Une approche globale du patient – une démarche thérapeutique globale


Une démarche fondée sur des principes éthiques


La médecine anthroposophique s’appuie sur des valeurs fondamentales qui déterminent le cadre éthique de l’exercice des praticiens :

1/ Le principe d’évolution et la liberté individuelle

L’être humain est un être en évolution permanente et il est acteur de sa propre évolution. Chaque être humain suit un chemin individuel vers la liberté que l’acte médical se doit de respecter. Ce principe est formulé dans l’œuvre de Rudolf Steiner par le concept de « l’individualisme éthique » (Philosophie de la liberté).

2/ Le principe de responsabilité vis-à-vis de l’environnement naturel et social

La santé individuelle et collective ne peut se développer en faisant abstraction de celle de la planète, ni de celle de l’environnement socio-culturel et des règnes de la nature. Concrètement, cela implique que les traitements doivent respecter l’environnement naturel et socio-culturel.

3/ Les fondements scientifiques

L’orientation anthroposophique de la médecine est intégrative par essence : la médecine anthroposophique s’appuie de principe sur les données scientifique de la médecine conventionnelle qu’elle élargit sans contradiction ni à priori.


La médecine anthroposophique en tant que système médical


L’organisme humain en tant qu’unité fonctionnelle autonome


La médecine anthroposophique considère l’organisme humain comme une unité fonctionnelle, intégrant plusieurs niveaux qui correspondent aux règnes de la nature (minéral, végétal, animal). Ceci permet d’extraire de la nature les substances et les processus médicamenteux afin de les orienter par une préparation pharmaceutique spécifique vers les processus internes à l’être humain. Elle distingue notamment quatre niveaux d’organisation hiérarchisés :

Le niveau corporel correspond aux structures physiques et moléculaires mesurables et quantifiables, c’est-à-dire à ce que décrivent les sciences médicales fondamentales.

Le niveau physiologique fonctionnel permet d’intégrer les substances physiques dans le domaine du vivant, caractérisé par les processus d’autonomisation et d’échanges, ceux de la différenciation des diverses fonctions des tissus et des organes, de la croissance, du maintien de la vie, de la régénération et de la reproduction. Ce niveau dynamique d’organisation, commun avec le règne végétal, imprègne, conditionne et organise le niveau physique.

Le niveau sensitif et psychique, commun avec le monde animal, fait de l’être vivant un être doué de perceptions, de sensations et de mouvements physiques et psychiques. Sur ce niveau sont fondés les systèmes respiratoire, circulatoire, nerveux et locomoteur.

Le niveau de l’individualité, du « je » correspond à l’individualité de l’être humain, se manifestant par la conscience. Ce niveau spirituel pénètre et modèle l’organisme entier, il laisse son empreinte à travers le niveau psychique, et le niveau physiologique fonctionnel jusqu’au niveau physique (système HLA, groupes sanguins, etc.) et les particularités corporelles spécifiques comme la station verticale par exemple. Il se manifeste dans les fonctions psychiques et cognitives, la capacité de donner sens ou orientation spirituelle à la biographie individuelle.

Ces quatre niveaux d’organisation interagissent entre eux selon trois modalités fonctionnelles différentes :

Le système neurosensoriel inclut le système nerveux et les organes sensoriels, il est prédominant au niveau céphalique. Il comprend également les fonctions de perception externe ou interne. Les fonctions de perception, de pensée et de conscience sont au premier plan dans ce système que l’on peut qualifier de système d’intégration des informations.

Le système métabolique et moteur prédomine dans les organes de la digestion et de l’appareil musculaire. Il comprend au sens large toutes les fonctions de production énergétique, d’échange et d’assimilation ainsi que les fonctions du mouvement locomoteur.

Le système rythmique s’appuie sur le système circulatoire et le système respiratoire. Il est responsable de l’organisation chronobiologique de l’organisme humain. Il englobe toutes les fonctions rythmiques de l’organisme : le rythme cardiorespiratoire, le rythme veille-sommeil les rythmes du péristaltisme intestinal, les rythmes cérébraux ainsi que les variations rythmiques de la journée (circadiennes) et de la production hormonale. Ses fonctions assurent la mise en relation et l’adaptation mutuelle du système métabolique-locomoteur et du système neurosensoriel.


Toute maladie résulte d’une rupture d’équilibre au sein de cette organisation fonctionnelle tripartite, ce qui occasionne une manifestation neurosensorielle ou métabolique au mauvais endroit et/ou au mauvais moment. Par exemple, une douleur intestinale est l’expression de la présence de la conscience neurosensorielle à un endroit où les fonctions organiques se déroulent normalement dans l’inconscience.

Une démarche thérapeutique globale


La médecine anthroposophique intègre les moyens diagnostiques et thérapeutiques de la médecine conventionnelle et elle met également à la disposition du médecin des moyens thérapeutiques spécifiques, conçus pour agir de façon différenciée sur les différents niveaux et les systèmes fonctionnels de l’organisation humaine, de façon adaptée à chaque cas et chaque étape biographique.

Le but de la médecine anthroposophique n’est pas seulement de traiter des maladies, en réintégrant dans sa démarche diagnostique et thérapeutique le patient autour de sa maladie, son objectif est de promouvoir un état de santé optimal (la salutogénèse d’Antonowsky). La maladie n’est pas simplement perçue comme un mal à faire disparaitre, elle est également considérée comme une épreuve de l’individualité qui peut permettre la découverte et la prise de conscience de nouveaux aspects d’elle-même et par voie de conséquence une métamorphose de sa dynamique biographique.


La thérapeutique médicamenteuse

La thérapeutique médicamenteuse anthroposophique consiste à mettre en relation des substances minérales, végétales ou animales empruntées à la nature avec le déséquilibre fonctionnel de la maladie, afin de stimuler dans l’organisme du patient les fonctions d’autorégulation qui permettront de rétablir l’équilibre rompu. La thérapeutique s’appuie sur une démarche analogique fondée sur les relations tissées entre l’être humain et les règnes de la nature au cours de leur histoire commune (les substances de la nature correspondent à des processus intérieurs de l’être humain). Les médicaments se présentent sous forme de préparations homéopathiques (pour 92% des préparations) ou phytothérapiques.

Il existe également des procédés pharmaceutiques spécifiques conformes aux pharmacopées nationales ou européennes (préparations des souches par la chaleur, décoction, infusion incinération ou métaux végétabilisés par exemple). Ils sont administrés par voie orale, par voie injectable sous cutanée, en application externe sous forme de pommade, de collyre et sous forme de suppositoires.


La thérapeutique non médicamenteuse


Les thérapies anthroposophiques telles que l’eurythmie thérapeutique, les activités d’art-thérapie (peinture, modelage, chant, musique, art de la parole), l’étude biographique, la physiothérapie anthroposophique (regroupant différentes techniques de massages) ou encore les soins infirmiers anthroposophiques, constituent une partie importante de la médecine anthroposophique. Elles sont en voie de développement en France.


Une démarche qui s’inscrit dans le système de soins


La médecine anthroposophique est pratiquée par des professionnels de santé, en particulier par des médecins généralistes ou par des spécialistes doublement formés : en médecine universitaire et en médecine anthroposophique. Ces médecins reçoivent les mêmes catégories de patients présentant les mêmes types de pathologies que l’ensemble des médecins. Elle est donc pleinement intégrée dans le système de soins et n’a pas d’impact négatif sur l’organisation des soins.


Les indications de la médecine anthroposophique


La médecine anthroposophique n’est pas une médecine alternative. Elle s’intègre dans l’exercice de la médecine conventionnelle et s’appuie sur les fondements scientifiques, diagnostiques et thérapeutiques de celle-ci. Dans ce contexte, la médecine anthroposophique intervient dans toutes les situations de la pratique médicale quotidienne, tant dans les pathologies aigües que chroniques :

  • Utilisée en première intention si possible, elle permet souvent d’éviter le recours aux médicaments ayant des effets secondaires (psychotropes, anti-inflammatoires et corticoïdes) ainsi qu’aux antibiotiques (ce qui contribue à la lutte contre l’antibiorésistance). Cette indication en première intention est particulièrement utile dans les situations à risque que peuvent présenter les patients fragilisés : en gériatrie (polypathologies, patients poly-médiqués), en obstétrique et en pédiatrie.
  • En accompagnement des traitements conventionnels si nécessaire, la médecine anthroposophique permet :

    o D’améliorer la tolérance et de réduire les effets secondaires des traitements (insuffisance rénale, troubles hépatiques, allergies), en particulier dans les maladies chroniques (neurologie et psychiatrie, rhumatologie, gastroentérologie, dermatologie) ainsi qu’en traitement de support en oncologie.

    o D’éviter l’accoutumance et la dépendance (diminution ou sevrage des psychotropes en psychiatrie, des anti-inflammatoires et des corticoïdes en rhumatologie par exemple).

    o Par l’individualisation thérapeutique, elle ne se contente pas, dans les maladies chroniques, de gérer les symptômes, mais d’optimaliser le bien être du patient.
  • Enfin, la médecine anthroposophique intervient également en relais des traitements conventionnels :

    o En cas d’échec thérapeutique ou de contre-indication (affections musculosquelettiques, allergies, maladies auto-immunes, etc.).

    o Pour éviter les récidives dans de nombreuses situations (les maladies infectieuses de la sphère ORL et bronchopulmonaires, les allergies et les épisodes asthmatiques, les dermatoses atopiques, les états anxio-dépressifs, les affections rhumatismales etc.).

    Enfin, la médecine anthroposophique intervient également en relais des traitements conventionnels :

    o En cas d’échec thérapeutique ou de contre-indication (affections musculosquelettiques, allergies, maladies auto-immunes, etc.).

    o Pour éviter les récidives dans de nombreuses situations (les maladies infectieuses de la sphère ORL et bronchopulmonaires, les allergies et les épisodes asthmatiques, les dermatoses atopiques, les états anxio-dépressifs, les affections rhumatismales etc…).

La formation en médecine anthroposophique


Des standards internationaux


Un programme standard international de formation des médecins (Core Curriculum) a été défini par l’Association Internationale de Médecine Anthroposophique (IVAA : https://www.ivaa.info).
Le suivi de ce cursus est sanctionné par l’obtention d’un Certificat International en Médecine Anthroposophique délivré par la Section Médicale du Goetheanum situé à Dornach en Suisse (https://medsektion-goetheanum.org).

Les formations de l’ AREMA sont accréditées par la Section Médicale du Goetheanum.


Le référentiel de formation de l’OMS


L’OMS a publié le 28 mars 2023 un référentiel pour la formation des professionnels de santé en médecine anthroposophique. (https://apps.who.int/iris/handle/10665/366645).

Cette publication qui vise à garantir la formation minimale des professionnels de santé, et ainsi de garantir la sécurité des patients, invite les nations à traduire les critères en normes nationales de formation.


La recherche en médecine anthroposophique


La recherche en médecine anthroposophique est en grande partie menée par des instituts de recherche médicale souvent rattachés à des hôpitaux ou des universités. C’est le cas du Forschungsinstitut Havelhöhe (FIH) en lien avec l’hôpital de Havelhöhe à Berlin, relié à l’Université de Berlin-Charité, de l’Institut für angewandete Erkenntnistheorie und medizinische Methodologie (IFAEMM e.V.) rattaché à l’Université de Witten-Herdecke, à l’origine notamment de la série d’études AMOS (voir paragraphe « L’évaluation de la médecine anthroposophique en tant que système » ci-dessous ), de la chaire de médecine anthroposophique à l’Université de sciences appliquées à Leyden (NL), du centre de « médecine naturelle » de l’hôpital universitaire Universitätsklinikum Freiburg, de l’ARCIM Forschungsinstitut der Filderklinik (Academic Research in Complementary and Integrative Medicine) près de Stuttgart, de l’Institut für Komplementäre und Integrative Medizin à l’Université de Berne (CH).

(Coordonnées et listing complet sur : https://medsektiongoetheanum.org/forschung/research-institutions/).


La recherche en physiologie et physiopathologie


Le concept de santé en tant qu’équilibre régulé dans le temps est étudié à la fois sur le plan expérimental et sur le plan clinique. De nombreuses publications portent sur les structures de variabilité rythmique des fonctions physiologiques, notamment la variabilité de la fréquence cardiaque et de la coordination cardio-respiratoire (₁). En recherche médicale fondamentale, les études portent sur l’établissement et la validation de questionnaires d’évaluation de la constitution physiologique du patient, de ses capacités d’auto-régulation, dans diverses situations pathologiques. Des organismes de recherche rattachés à des structures hospitalo-universitaires assurent cette recherche, en particulier la Chaire de théorie médicale et médecine complémentaire à l’université de Witten-Herdecke19 et l’Institut de recherche de l’hôpital Havelhöhe à Berlin (₂).


(₁) http://www.rhythmen.de/en/?PHPSESSID=vsjcv2ndg1tbkne8h55dtqv4o3
(₂) http://www.fih-berlin.de/


L’évaluation de la médecine anthroposophique en tant que système


Les Études AMOS (Anthroposophic Medicine Outcomes Studies) :


L’étude de la médecine anthroposophique en tant que système est l’objet de la série d’études AMOS (Anthroposophic Medicine Outcomes Study) dirigée par le Dr Harald Hamre, chercheur et directeur de l’Institute for Applied Epistemology and Medical Methodology (IFAEMM), institut attaché à l’Université de Witten/Herdecke. Entre 1998 et 2009, ces études ont permis d’analyser plusieurs milliers de patients suivis par plusieurs centaines de médecins. Ces patients, en plus des traitements conventionnels étaient également traités avec des médicaments ou des thérapeutiques non médicamenteuses anthroposophiques prescrits par ces médecins. Les pathologies étudiées allaient de l’asthme et la migraine aux lombalgies chroniques et à la dépression. Les enfants ont également fait l’objet d’études concernant le TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) et les pathologies pédiatriques chroniques en général.


Quelques exemples :


Anthroposophic Therapies in Chronic Disease : The Anthroposophic Medicine Outcomes Study. 2004. H. J. Hamre, C. Becker-Witt, A. Glockmann, R. Ziegler, S.N. Willich, H. Kiene.

Conclusions : Anthroposophic therapies were associated with long-term reduction of chronic disease symptoms, improvement of health-related quality of life, and health cost reduction.

Diagnostic Profiles and Prescribing Patterns in Everyday Anthroposophic Medical Practice – A Prospective Multi-Centre Study. (2009). Elke Jeschke, Thomas Ostermann, Manuela Tabali, Angelina Bockelbrink, Claudia M. Witt, Stefan N. Willich, Harald Matthes.

Conclusions : A broad range of anthroposophic remedies and non-pharmacological therapies are prescribed for a specific set of diseases in everyday anthroposophic practice. Particularly patients <60 years received anthroposophic care. Our findings will help in the planning and implementation of further studies.

Étude comparative Médecine Anthroposophique / Médecine Conventionnelle publiée en 2005 (infections aiguës respiratoires et otites):

Anthroposophic vs. Conventional therapy of acute respiratory and ear infections : a prospective outcomes study. 2005. Harald J. Hamre, Michael Fischer, Marianne Heger, David Riley, Max Haidvogl, Erik Baars, Eileen Bristol, Michael Evans, Reinhard Schwarz, Helmut Kiene.

Conclusions : fewer antibiotics, fewer side effects of drugs, increased patient satisfaction.


Réseau de pharmacovigilance, effets indésirables :


Études descriptives, montrant l’enracinement de la Médecine Anthroposophique dans la pratique et le peu d’effets secondaires :


EVAMED (Evaluation of Anthroposophic Medicine Pharmacovigilange Network), avec notamment le détail des formes galéniques, les injectables venant en 2ème position (16,5% des prescriptions) après les Globuli (19,5%) qui montre que la médecine anthroposophique est une médecine intégrative puisque 41,8% des prescriptions relèvent de la médecine anthroposophique sur 50 000 patients et 200 000 consultations.

EVAMED (effets indésirables)

Adverse drug reactions for CAM and Conventional Drugs detected in a Network of Physicians Certified to Prescribe CAM Drugs. (2012). Manuela Tabali, Thomas Ostermann, Elke Jeschke, Claudia M. Witt, Harald Matthes.

Conclusions : A sample of 38 CAM physicians reported the occurrence of at least 1 ADR for 0,4% of treated patients in a 5.5-year study period. There were no serious ADRs reported for CAM drugs. In a subsample of 7 physicians who agreed to report all nonserious ans seroious AFRs, 1,2% of patients experienced at least 1 ADR; rates of ADRs per 10000 prescriptions were 4.4 for CAM drugs and 13.0 for CON drugs.


Études concernant l’efficacité et la sécurité de la forme galénique injectable :


Efficacité : Comparaison Gencydo (Succus Citri/Succus Cydonia) Injection vs Spray


Citrus/Cydonia Compositum Subcutaneous Injections versus Nasal Spray for Seasonal Alergic Rhinitis : A Randomized Controlled Trial on Efficacy and Safety. (2011). Erik W. Baars, Miek Jong, Andreas F.M. Nierop, Inge Boers and Huub F.J. Savelkoul.

Conclusions : Both routes of administration demonstrated immunological and clinical effects, with larger inflammatory and innate immunological effects of the nasal spray route and larger allergen-specific clinical effects of the subcutaneous route, and are safe.

Sécurité :


Safety of Homeopathic Injectables for Subcutaneous Administration: A Document of the Experience of Prescribing Practitioners, (2006). Erik W. Baars, Ruth Adriaansen-Tennekes and Karin J.L. Eikmans.

Conclusions : The study suggests that homeopathic injectables have a very low risk profile. A very small number of severe adverse reactions (anaphylactic reaction, feverish symptoms, aversion/anxiety against injections, and asthma) have been reported with a concentration higher than 1:10.000.


Études de coûts :


Une étude prospective conclut à une baisse des dépenses de santé, par patient, de 400 € par an la deuxième année de suivi :


Health Cost in Anthroposophic Therapy users: a two-year prospective cohort study (2006). Harald J. Hamre, Claudia M. Witt, Anja Glockmann, Renatus Ziegler, Stefan N. Willich and Helmut Kiene.

Conclusions : In patients starting anthroposophic therapies for chronic disease, total health costs did not increase in the first year, and were reduced in the second year. This reduction was largely explained by a decrease of inpatient hospitalisation. Within the limits of a pre-post design, study findings suggest that anthroposophic therapies are not associated with a relevant increase in total health costs.


La recherche fondamentale et clinique


La recherche fondamentale et pré-clinique


Certaines plantes utilisées en médecine anthroposophique font plus particulièrement l’objet d’une recherche active. C’est ainsi le cas du gui (Viscum album), utilisé en soins de support en oncologie depuis plusieurs décennies.
Les connaissances sur son action sur le système immunitaire et la régulation de la croissance cellulaire progressent activement, grâce à la recherche expérimentale en laboratoire sur des cultures de cellules et des modèles animaux. Une autre plante faisant l’objet d’une recherche active est Bryophyllum pinnatum (Kalanchoe pinnata), plante d’origine tropicale qui présente, notamment, la particularité de pouvoir se reproduire par des bourgeons poussant sur le bord des feuilles.
Bryophyllum est notamment étudié expérimentalement pour comprendre ses propriétés sédatives dans l’anxiété et les troubles du sommeil et son action régulatrice sur les contractions utérines.

La recherche clinique


La recherche clinique en médecine anthroposophique est relativement ancienne, des recueils de cas cliniques remontent à 1923.Il n’a pas été facile à la médecine anthroposophique de produire des données validées par des méthodes statistiques. Toutefois, en dépit des nombreux obstacles (l’individualisation thérapeutique en particulier) des études à la méthodologie conforme aux standards actuels se sont progressivement développées depuis une vingtaine d’années. Elles sont bien répertoriées dans le HTA report présenté ci-dessous.


Evaluation Générale de la Médecine Anthroposophique sous forme d’un « HTA report » publié dans l’ouvrage « Anthroposophic Medicine, Effectiveness, Utility, Costs, Safety ». Un HTA-Report (Health Technology Assessment Report) est un format de rapport d’évaluation d’une technologie de santé, comportant les éléments de base : concepts, technologie, qualité, efficacité, sécurité, coûts, permettant à une autorité administrative dans le domaine de la santé de se former un jugement sur une technique ou une méthode médicale, et de l’autoriser ou pas dans le cadre d’un système ou d’une politique de santé. C’est un rapport de cette sorte qui a été demandé par l’Office Fédéral des Assurances Sociales Suisse (OFAS) afin d’évaluer la médecine anthroposophique dans le cadre du programme d’évaluation des médecines complémentaires (PEK).


Kienle GS, Kiene H, Albonico HU. Anthroposophic medicine: effectiveness, utility, costs, safety. Stuttgart, NY: Schattauer Verlag; 2006.


Kienle GS, Glockmann A, Grugel R, et al. Klinische Forschung zur Anthroposophischen Medizin-Update eines Health Technology Assessment- Berichts und Status Quo. Forsch Komplementmed. 2011; 18:269-82.

Cet ouvrage, publié en 2006 (révisé en 2011), rend notamment compte de l’ensemble de la recherche clinique en médecine anthroposophique
. 195 études répondant à des critères de qualité méthodologique actuels y sont rapportées et évaluées. 127 de ces études portent sur 4 domaines principaux : 8 sur la médecine anthroposophique en tant que système (seules les premières études AMOS sont répertoriées), 18 études dont 3 essais randomisés contrôlés sur le traitement de la douleur et de traumatismes, 5 études sur des démarches thérapeutiques non pharmacologiques et 96 études sur le traitement par le gui (dont 15 essais randomisés contrôlés).


Sur ces 127 études, 119 montrent un effet positif pour les groupes ayant reçu un traitement anthroposophique, c’est-à-dire un résultat comparable ou supérieur au traitement conventionnel en ce qui concerne au moins un critère cliniquement pertinent, ou une amélioration cliniquement significative avec la médecine anthroposophique. 7 études n’ont pas mis en évidence de résultat positif. Une étude a trouvé une tendance négative. La qualité méthodologique d’une proportion importante de ces études laissait de fait à désirer, notamment dans les études rétrospectives les plus anciennes. Toutefois, même lorsque seules les études de bonne qualité méthodologique sont prises en considération, le résultat positif global persiste. La sécurité de la médecine anthroposophique fait l’objet d’un chapitre entier de l’ouvrage.


En 2011 a été publiée une mise à jour de l’évaluation de la recherche clinique médicale anthroposophique incluant 70 nouvelles études cliniques réalisées et publiées depuis 2005.


Les études de cas (case studies) :


Les publications d’études de cas cliniques (case studies), rigoureusement documentées, permettent de rendre compte du processus thérapeutique fondé sur l’individualisation. Ces études prennent de plus en plus d’importance dans la littérature médicale.


2 Exemples :


Long-Term Survival of a Patient With Advanced Pancreatic Cancer Under Adjunct Treatment with Viscum Album Extracts : A Case Report. Paul G. Werthmann, Robert Kempenich, Gerlinde Lang-Avérous, Gunver S. Kienle. World Journal of Gastroenterology, 2019 March 28; 25(12): 1524-1530.


Long-Term Tumor-Free Survived in a Patient with Stage IV Epithelial Ovarian Cancer Undergoing High-Dose Chemo-Therapy and Viscum Album Extract Treatment : Case Report. Paul G. Werthmann; Robert Kempenich, Gunver S. Kienle, The Permanente Journal, 2019 ; 23 : 18-025


Le Viscum Album – Études cliniques


Les médicaments anthroposophiques les plus étudiés en recherche clinique sont les préparations à base de gui, utilisées le plus souvent comme traitement de support oncologie.


140 études cliniques dont 34 études randomisées (RCT – Randomized Control Trials) concernant le Viscum Album ont été publiées.


Nombre de ces études sont des études rétrospectives ou de cohorte. Les RCTs sont cependant suffisamment nombreux pour avoir fait l’objet d’une « Cochrane Review » en 2008. Cette revue a identifié 21 essais randomisés contrôlés. Si elle conclut à un niveau de preuve faible en raison d’insuffisances méthodologiques, elle relève des éléments positifs, notamment en termes de qualité de vie.

Depuis 2008, plusieurs autres études contrôlées (RCTs ou non) ont été réalisées et ont apporté des éléments positifs dans l’accompagnement des traitements du cancer du sein et du cancer du pancréas.

Quelques exemples :

En 2013 une RCT concernant le traitement complémentaire par VAE (Viscum Album Extract) dans le cancer du pancréas localement avancé ou métastatique a montré une prolongation de la durée de survie :


Viscum Album extract therapy in patients with locally advanced or metastatic pancreas cancer: A randomized clinical trial on overall survival. W. Tröger, D. Galun, M. Reif, A. Schumann, N. Stankovic et M. Milicevic. European Journal of Cancer (2013) 49.


Conclusions : VaL therapy showed a significant and clinically relevant prolongation of OS. The study findings suggest VaL to be a non-toxic and effective second-line therapy that offers a prolongation of OS as well as less disease-related symptoms for patients with locally advanced or metastatic pancreatic cancer. L’étude a été arrêtée car la prolongation de survie était évidente.


Les études cliniques randomisées contrôlées sur le Viscum album concernent principalement l’amélioration de la qualité de vie et de la tolérance à la chimiothérapie concomitante. Elles ont également fait l’objet de revues systématiques :


Quality of life and Neutropenia in patients with early-stage Breast Cancer: A Randomized Pilot Study comparing additional treatment with Misteltoe Extract to Chemotherapy alone. Wilfried Tröger, Svetlana Jezdic, Zdravko Zdrale, Nevena Tisma, Harald J. Hamre and Miodrag Matijasevic.Breast Cancer: Basic and Clinical Research2009:3.


Conclusions : This pilot study showed an improvement of quality of life by treating breast cancer patients with IMS additionally to CAF. CAF-induced neutropenia showed a trend to lower frequency in the IMS group.


Influence of Viscum Album L (European Misteltoe) Extracts on Quality of Life in Cancer Patients: A Systematic Review of Controlled Clinical Studies
. Gunver S Kienle and Helmut Kiene. Integrative Cancer Therapies, SAGEPUB, 2010.

Conclusions : VAEs seem to have an impact on Quality of Life and reduction of side effects of conventional therapies (chemotherapy, radiation) in experimental trials as well as in routine daily application. The influence on fatigue especially should be investigated further. Matijasevic. Breast Cancer: Basic and Clinical Research 2009:3.

Viscum Album L. extracts in Breast and Gynaecological Cancers: a Systematic review of clinical and preclinical research. Gunver S Kienle, Anja Glockmann, Michael Schinck and Helmut Kiene. Journal of Experimental and Clinical Cancer Research – 2009.

Conclusions : Viscum Album Extract shows some positive effects in breast and gynaecological cancer. More research into clinical efficacity is warranted.


La controverse médiatique à propos du Viscum album :


Une étude systématique, publiée en deux parties (Freuding et al, Mistletoe in oncological treatment : a systematic review) en 2019, avait entraîné une controverse médiatique par rapport aux effets thérapeutiques du Viscum album. Une analyse critique (H. Matthes et al., Statement to an Insufficient Systematic Review on Viscum album L. Therapy), publiée le 18 février 2020, met en évidence les graves manquements méthodologiques et les biais de cette étude.


– M. Freuding, C. Keinki, O. Micke, J. Buentzel and J.Huebner, “Mistletoe in oncological treatment: a systematic review,” Journal of Cancer Research and Clinical Oncology, vol. 145, no. 3, pp. 695–707, 2019.


– M. Freuding, C. Keinki, S. Kutschan, O. Micke, J. Buentzel, and J. Huebner, “Mistletoe in oncological treatment: a systematic review,” Journal of Cancer Research and Clinical Oncology, vol. 145, no. 4, pp. 927–939, 2019.


– Matthes H et al, Statement to an Insufficient Systematic Review on Viscum album L. Therapy, Evidence Based Complementary and Alternative Medicine Volume 2020, Article ID 7091039, 9 pages https://doi.org/ 10.1155/2020/7091039.

Docteur Robert Kempenich


Email : contact
Site web : https://www.arema-anthropomed.fr


Président de l’AREMA (Association pour la Recherche et l’Enseignement en Médecine Anthroposophique),
Membre du CA du GETCOP (Groupe d’Evaluation des Thérapies Complémentaires personnalisées et Pratiques Innovantes)
Membre du CA d’HoméoFrance
Ancien président de la Société Savante de Médecine Anthroposophique (SSMA),
Ancien Président de l’ECPM (European Council of doctors for Plurality in Medicine),
Ancien membre de l’Advisory Board de l’étude paneuropéenne CAMbrella,
Ancien membre du CA de la IVAA (International Federation of Anthroposophic Medical Associations).